Fin de vie : le débat a eu lieu malgré l'obstruction

Jeudi 8 avril, à l’occasion de la « niche parlementaire » dont l’ordre du jour est réservé aux propositions de loi du groupe Libertés et Territoires, s’est tenu dans l’hémicycle un débat historique sur la fin de vie.
Alors que l’examen du texte en commission des affaires sociales a été constructif et apaisé, un quarteron de députés Les Républicains se sont adonnés à un véritable sabotage du texte en déposant à eux seuls des milliers d’amendements pour empêcher le vote en séance publique.
Que l’on soit pour ou contre l’idée d’ouvrir le droit à une personne atteinte d’une maladie incurable, subissant d’extrêmes souffrances, de bénéficier d’une aide médicalisée active à mourir de la part de son médecin, que l’on soit indécis, que l’on soit mal à l’aise : quelles que soient nos convictions profondes ou notre expérience personnelle, ce sujet intime mérite un réel débat démocratique. Or il n’y a pas d’institution plus légitime que l’enceinte du Parlement pour encadrer ce dialogue. Je dénonce donc fermement cette obstruction indigne pratiquée par quelques députés Les Républicains.
Nous savons les Français non seulement prêts mais en attente de ce débat. Une large majorité de Français souhaite une évolution de la loi Claeys-Leonetti. D’après un sondage Ifop de 2019, 96 % jugent que la législation française devrait autoriser les médecins à mettre fin, sans souffrance, à la vie des personnes qui en font la demande dans un cadre strict et précis.
La proposition de loi du député Olivier Falorni est équilibrée et a fait l'objet d'un travail transpartisan : à ce titre je salue le formidable travail mené depuis plusieurs années par mon collègue lyonnais Jean-Louis Touraine pour cette cause. Le texte contient des verrous solides pour s’assurer que la liberté du patient est bien respectée, à travers l’expression réitérée de sa volonté de mourir. Il permet enfin au médecin qui refuserait d’administrer le produit létal, de faire valoir sa clause de conscience.
Les débats que nous avons pu conduire tant bien que mal jusqu’à minuit dans l’hémicycle ont permis aux députés de s’exprimer, de témoigner de leurs histoires personnelles. Nous avons adopté un amendement sur l’article 1er définissant et encadrant l’aide médicalisée active à mourir pour « toute personne capable et majeure, en phase avancée ou terminale d'une affection grave et incurable, provoquant une souffrance physique ou psychique qui ne peut être apaisée ».
L’examen de ce texte restant inachevé, il n’a pas de valeur juridique contraignante mais démontre bien combien ce sujet est important pour notre société.